Le trouble d’apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie)

Le terme « trouble d’apprentissage » est une appellation employée pour désigner un trouble d’origine neurologique, capable d’affecter une ou plusieurs fonctions cognitives liées aux apprentissages. Cette atteinte neurodéveloppementale s’avère au fait un dysfonctionnement touchant l’acquisition, l’organisation, la rétention, la compréhension, l’emploi et même le traitement de l’information verbale et non-verbale. Cette dysfonction au niveau des apprentissages survient en dépit d’une intelligence normale ou d’une éducation adéquate, et ne peut pas non plus être expliquée par un déficit sensoriel (vision, audition), par un autre trouble neurologique, ni par des conditions socio-économiques ou socio-culturelles défavorables.

On reconnaît un trouble d’apprentissage chez un individu qui éprouve des difficultés dans l’acquisition de la lecture, de l’écriture, de la compréhension de l’écrit ou du calcul. La dyslexie (lecture), la dysorthographie (orthographe et écriture) et la dyscalculie (mathématiques) sont tous trois en réalité des troubles d’apprentissage spécifiques qui prennent racine dans différentes régions du cerveau et qui persistent à travers le temps. Justement, le trouble d’apprentissage persistant se différencie d’une difficulté d’apprentissage sur ce même point, alors qu’une difficulté d’apprentissage est généralement transitoire, passagère et ponctuelle.

On parle souvent des inversions de lettres à l’écrit comme étant des signes de dyslexie (les b/d étant des stéréotypes classiques), mais le portrait clinique dépasse largement ces détails. Au fait un trouble d’apprentissage va venir affecter différents processus comme la conceptualisation des sons du langage, leur représentation à l’écrit, le traitement et décodage lettre-son, la reconnaissance et la discrimination visuelle des syllabes/mots, la notion des chiffres, des grandeurs ou des proportions, le concept des opérations mathématiques  et plus encore. Ces dysfonctions peuvent apparaître de manière isolée comme elles peuvent être présentes de façon plus généralisée.

Manifestations courantes du trouble d’apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie)

Le trouble d’apprentissage revête différentes apparences, en fonction de l’habileté touchée. Une dyslexie va affecter la lecture, une dysorthographie touche l’écriture et une dyscalculie va compliquer l’acquisition des mathématiques. Les manifestations typiques sont :

  • Retard évident dans les cours de français (anglais) et/ou de mathématiques
  • Lecture lente, saccadée ou hésitante
  • Lecture syllabique
  • Mots remplacés par d’autres similaires visuellement
  • Erreurs de séquençage de lettres en lecture
  • Manque de temps pour réaliser travaux et examens
  • Écriture au son
  • Oublis ou ajouts de lettres
  • Fragmentation de mots
  • Fusion de mots avec leurs déterminants ou pronoms
  • Difficultés d’orthographe même en recopiant
  • Difficultés récurrentes en conjugaison, orthographe ou grammaire
  • Écriture inversée des lettres ou des chiffres
  • Compte encore sur ses doigts
  • N’arrive pas à intégrer ses tables de multiplication/division
  • Emprunts et retenues difficiles
  • Difficultés récurrentes en mathématiques, en géométrie et en résolutions de problèmes
  • Notes significativement plus faibles en français et autres cours de langues
  • Notes significativement plus faibles en mathématiques par rapport aux autres cours
SOUS-TYPES DU TROUBLE D'APPRENTISSAGE

Il faut souligner qu’un trouble d’apprentissage doit avoir été présent durant l’enfance, étant donné sa nature neurologique. Celui-ci se déclare sous différentes formes durant le primaire; de ce fait, il ne peut pas expliquer les difficultés soudaines qu’un Cégepien, un universitaire ou un adulte pourrait vivre.

En fonction des zones s’étant développées différemment dans le cerveau, trois types de dyslexie-dysorthographie sont reconnus chez les personnes qui présentent un trouble d’apprentissage. Ces types impliquent soit le décodage par assemblage (lettre-son), le décodage par adressage (ou lexical, donc la reconnaissance photographique du mot) ou les deux voies.

1) La dyslexie et la dysorthographie phonologiques

La dyslexie ou la dysorthographie dite phonologique affecte la voie de décodage par assemblage. C’est-à-dire qu’une personne va présenter des difficultés à convertir avec justesse des séquences de lettres ou de syllabes en respectant leur phonétique; on parle alors de difficultés avec la correspondance graphème-phonème, où le mot écrit n’est pas celui qui est lu ou prononcé par la personne. L’individu va donc commettre des erreurs au niveau de la séquence des lettres, en inversant des lettres ou des syllabes, en rajoutant ou en omettant certaines d’entre elles, etc. Ceci est surtout vrai pour les mots rares ou nouveaux. Souvent, ces individus vont alors prioriser la reconnaissance globale des mots, en tentant de se rappeler et de reconnaître leur forme à l’écrit, ou de les deviner à partir des premières lettres lors de la lecture. Par exemple, le mot « respiratoire » pourrait être lu ou écrit comme « resipirtatoire », ou tenté d’être deviné comme s’il s’agissait du mot « respiration », en raison d’un mauvais séquençage de lettres/sons.

2) La dyslexie et la dysorthographie de surface

Ces troubles d’apprentissage vont à leur tour affecter la voie de décodage par adressage ou par reconnaissance visuelle des mots. Bien que chaque mot ait sa forme, celle-ci n’est alors pas reconnue ou est mal reconnue par les dyslexiques ou dysorthographiques de surface. Les mots sont alors parfois devinés, mais ces individus vont surtout présenter une lecture lente, laborieuse et syllabique puisqu’il vont alors grandement miser sur la conversion graphème-phonème pour lire les mots une syllabe à la fois; par exemple, les mots monsieur et cœur ne seront pas reconnus visuellement et donc lus tels quels : « mon-si-heure » et « co-heure ». Les dysorthographiques, eux, vont de manière semblable souvent écrire les mots au son, sans se rappeler leur vraie forme ou configuration; par exemple, ils pourraient écrire « famme » ou « fèble » plutôt que femme et faible.

3) la dyslexie et la dysorthographie mixtes

Il s’agit ici de la variante la plus sévère, qui affecte à la fois les voies de décodage par assemblage et par adressage, donc autant la correspondance graphème-phonème que la reconnaissance visuelle de la forme des mots.

L'APPORT DE LA NEUROPSYCHOLOGIE

Il n’est parfois pas facile de déceler un trouble d’apprentissage chez une personne, alors que souvent on confond celui-ci avec un manque d’effort ou des difficultés sur le plan de l’attention. L’inverse est aussi vrai, alors qu’on blâme souvent la possibilité d’un trouble d’apprentissage comme étant responsable des difficultés scolaires d’un étudiant, alors que celles-ci sont plutôt dues à un trouble du déficit de l’attention. Au fait, la comorbidité entre le trouble d’apprentissage et le trouble du déficit de l’attention, soit l’incidence qu’une personne présente les deux conditions est élevée. On estime qu’environ 35% des personnes présentant un TDAH possèdent aussi un trouble d’apprentissage comorbide comme une dyslexie, dysorthographie ou dyscalculie.

Le rôle de la neuropsychologie est donc d’entreprendre une analyse approfondie des caractéristiques de l’individu, afin de mieux départager les difficultés propres à un trouble d’apprentissage de celles découlant d’autres conditions (TDAH, vision et balayage visuel, dysphasie, déficience intellectuelle, etc.). Par ailleurs, en identifiant les types d’erreurs commises en lecture ou à l’écrit (phonologiques, conversions graphème-phonème, reconnaissance de l’image des mots, écriture au son, compréhension des notions mathématiques, compréhension de texte, etc.), le neuropsychologue arrive à caractériser et spécifier la nature du trouble d’apprentissage (phonologique, de surface ou mixte?), ce qui facilite la mise en place d’un plan d’intervention individualisé et d’une rééducation précise en orthophonie ou en orthopédagogie.